Apports de l’Algérie à l’architecture islamique : “La spécificité algérienne”
Algérie(IQNA)- Avant d’entamer la conférence, il conviendrait de se poser cette question : «Peut-on parler d’un art islamique, alors que la civilisation née de l’islam s’étend sur quatorze siècles et sur un espace qui va de l’Atlantique au Pacifique, du Maroc jusqu’à l’Indonésie, et que cette civilisation a poussé des ramifications un peu partout dans le monde, aussi bien en Chine qu’au Brésil.»
Apports de l’Algérie en fonction des éléments constitutifs de l’architecture islamique :
1. Plans: Les nombreuses mosquées qui ont été construites en Algérie à des moments différents de son histoire, présentent des plans d’une grande diversité. Leurs salles de prières carrés, rectangulaires ou de formes irrégulières ont des nefs perpendiculaires au mur du mihrab, parallèles au mur du mihrab ou les deux, c’est-à-dire parallèles et perpendiculaires à la paroi du mihrab. Certaines de ces mosquées, construites durant la période ottomane ont été marquées par leur grande coupole centrale. Leurs patios, généralement organisés dans l’axe du mihrab, sont carrées, rectangulaires ou de forme irrégulière. Les cours des grandes mosquées Almoravides de Nedroma, Tlemcen et Alger dont les galeries latérales disposent de trois nefs sont uniques dans le monde musulman.
2. Piliers et colonnes: Algérie se distingue également des autres pays musulmans par la richesse des organes de support de leurs mosquées. Nous pouvons trouver des mosquées avec piliers, des mosquées à colonnes et des mosquées où piliers et colonnes sont associés d’une manière harmonieuse.
Les architectes algériens ont utilisé des piliers carrés, en forme de T, de forme octogonale, ainsi que des colonnes. Celles-ci ont été utilisées soit isolément, soit groupées par deux, trois ou quatre. Aussi, Algérie est l’un des rares pays musulmans où des troncs de palmiers ont été utilisées comme colonnes dans une mosquée. La mosquée historique de Sidi Oqba (près de Biskra) en dispose jusqu’à nos jours.
Les fûts de colonnes sont d’une grande diversité, car à côté de fûts cylindriques, nous pouvons trouver des fûts profilés, tronconiques, pentagonales, torsadés, à base octogonale et partie supérieure cannelée et des fûts d’une extrême originalité comme ceux qui ornent le mihrab de la mosquée de la pêcherie d’Alger (El Djami El-Jadíd) et la façade de la mosquée de Ketchâwa (toutes les deux d’époque turque).
Certaines bases de colonnes se composent uniquement d’éléments circulaires. D’autres se composent d’un socle carré surmonté d’éléments de forme circulaire ou octogonale. Certains ne comprennent que de éléments octogonaux.
3. Les Chapiteaux: Si les chapiteaux à une ou deux rangées d’acanthe de la mosquée de Sidi Bou Merouan (Annaba), les chapiteaux à volutes latérales caractérisant la Qalaa des Beni Hammad et la grande mosquée de Constantine et les chapiteaux de type composé de la Grande Mosquée de Tlemcen imitent les chapiteaux de l’Antiquité, nous assistons, avec l’avènement des almohades à la naissance du chapiteau spécifiquement musulman comme ceux qui ornent les mosquées de Sidi Bel Hassan, de Sidi Mansour, et de Sidi El Halwi, qui présentent tous une partie supérieure en forme de parallélépipède dont la décoration est organisé autour d’une moulure (ou une palmette), et une partie inférieure décorée avec un méandre.
4. Les Arcs: Dans le domaine des arcs, la contribution de l’Algérie n’a pas été négligeable. Les mosquées nous fournissent une riche collection d’arcs : des arcs en plein cintre, surbaissés (tracé en anse de panier à 3 centres), arc en fer à cheval ou outrepassé, arcs en ogive ou iraniens, recti-curvilignes, à festons, polylobés et à lambrequin.
Les éléments intermédiaires entre les chapiteaux et les arcs les plus remarquables sont le motif serpentiforme qui donne à l’arc polylobé une silhouette tellement élégante, les moulures à décoration épigraphique de la mosquée de Sidi Bel Hassan et les étriers qui couronnent les chapiteaux du mihrab de la mosquée Sidi Bou Mediène, qui sont de remarquables chefs d’oeuvres de l’art de la sculpture sur marbre.
5. Les Mihrabs: Nous trouvons en Algérie des niches de mihrab présentant des formes curvilignes ou polygonales.
Les premières sont couronnées d’une voûte décorée avec une sorte de coque décorée avec des cannelures, avec des entrelacs ou des planches qui rayonnent depuis la base. En haut, on trouve une corniche ornée généralement d’une inscription, une frise florale ou une cannelure une moulure torsadée. La partie basse est décorée avec des arcs, de la faïence, des briques émaillées ou avec des moulures épigraphiques.
La décoration du cadre du mihrab en Algérie est organisée autour d’un arc d’ouverture qui présente plusieurs variantes. Le voussoir qui entoure cet arc est situé entre deux arcs concentriques ou excentriques et se compose d’un ou de plusieurs bordures d’une infinie variété : dentelées, arc en forme de coquille, arcs entrelacés, des moulures, décoration géométrique, florale ou épigraphique.
6. Coupoles: Si les coupoles qui ornaient jadis la mosquée de Sidi Bou Merouane (Annaba) ont disparu, celle de Tlemcen, en revanche, subsiste toujours. Elle est la première coupole ajourée à nervures dans le monde islamique. Cette coupole est aussi célèbre pour sa lanterne ornée de stalactites et de l’inscription cursive qui se déroule à sa base, le premier exemple de l’utilisation de caractères cursifs dans la décoration des mosquées.
Nous avons aussi la coupole à décoration florale de la mosquée de Sidi Bou Medien, la majestueuse coupole de la mosquée de la Pêcherie (El Djamaa El Djadid, Alger), la plus grande coupole d’Algérie ainsi que les coupoles de la mosquée de Ali Bitchnin et de la mosquée du Pacha à Oran qui évoquent les mosquées d’Istanbul.
Source: journal3
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