Journée nationale de la ville
La Coquette a mal grandi
A l’occasion de la Journée nationale de la ville organisée hier, une campagne de sensibilisation sur la promotion de la ville a été lancée. Des architectes et urbanistes ont été sollicités pour y contribuer à travers des travaux de recherches sur les spécificités urbanistiques des villes.
Le Dr Hafiane Abderrahim, architecte et urbaniste, a été retenu pour faire le point sur la situation et sur les opportunités architecturales et urbanistiques de la ville. D’emblée, il déclare : « A l’instar de toutes les autres villes algériennes, bien qu’elle soit l’une des rares à être équilibrée, organisée et bien structurée, Annaba a mal grandi. Le problème est de corriger ce qui a été mal fait ». Cette déclaration prend pour base la superposition de deux villes, l’une a été héritée de la période coloniale, l’autre, la Plaine Ouest, a été réalisée au lendemain de l’indépendance pour être greffée à la première sans aucun lien organique et fonctionnel. La situation s’est aggravée avec la croissance urbaine. Loin d’entraîner un développement architectural et urbanistique harmonieux, cette situation a généré la déstructuration du tissu urbain. L’éclatement de la ville n’a pas tardé avec un flux constant vers le centre, la perte des repères et de l’identité urbaine de Annaba. Ce que tente de juguler le PDAU (intercommunal) soumis à approbation, à travers d’intéressantes propositions de solutions, celle portant sur la création d’un autre centre-ville à Boukhadra considéré comme étant un pôle de centralité, a été qualifiée de pertinente par le Dr Hafiane. Tout autant que la restructuration des tissus créés au lendemain de l’indépendance à même de donner naissance à d’autres entités urbaines. Bénéficiant de l’ensemble des atouts pouvant la transformer en une ville de portée internationale, Annaba ne dispose toujours pas de projets urbains d’importance. « Dans tous les domaines, Annaba a les mêmes caractéristiques que la ville de Bilbao au Brésil, industrielle et prospère hier, elle s’est transformée en ville économiquement morte avec la fermeture des entreprises. Ses responsables ont eu la pertinente idée d’y construire le musée Guggenheim. Sa conception architecturale originale, réalisée par Frank Genhry, a bouleversé le paysage de la ville, ce qui lui a valu la curiosité de millions de touristes du monde avec ce que cela sous-entend de recettes », explique le Dr Hafiane. Selon plusieurs architectes urbanistes, pareil projet serait irréalisable en Algérie au regard de la rigidité des lois et textes en matière d’urbanisme et des règles strictes de construction. « Ces lois et textes freinent l’imagination et la créativité. Ils limitent l’innovation en matière architecturale. Sous peine de rejet de son projet, l’architecte est tenu de respecter les normes prescrites de construction. Sous d’autres cieux, les équipements publics sont ouverts à toutes les initiatives en matière urbanistique et architecturale », avouent plusieurs d’entre eux. C’est cette imagination et cette créativité qui ont certainement inspiré l’architecte dans la conception de la maquette et des plans du projet de réalisation de la grande mosquée de Annaba. Les travaux de réalisation devraient être lancés incessamment. « La grande mosquée va réhabiliter l’image architecturale et urbanistique de la ville et lui permettre de recouvrer son dynamisme. Le choix du site de Boukhadra est pertinent, car il est le plus approprié. La grande mosquée dominera la ville et drainera des fidèles de toute la région Est du pays », considère le Dr Hafiane.
Par N. Benouaret